L’ambivalence spirituelle
Herald of Holiness, le 5 septembre 1981
Le psalmiste a prié : « Dispose mon cœur à la crainte de ton nom. » (Psaume 86.11)
De nombreux membres de l’église d’aujourd’hui n’ont pas conscience d’être les victimes d’un malaise et d’une lassitude qui produisent une indifférence dans la pratique. Ce n’est pas du fait qu’ils sont opposés au Christ ou à l’Église. Ils peuvent honnêtement témoigner de leur sympathie et de leur intérêt envers la cause de Dieu. Ils soutiennent même en partie les intérêts du royaume de Dieu, mais tout en ayant des réserves. Que s’est-il passé ?
Dans de trop nombreux cas, ces chrétiens ont été envahis par une ambivalence subtile qui les pousse à être en même temps à la fois pour et contre l’Église de Jésus-Christ. Leur réaction à différents moments dépend de l’humeur qui domine leur pensée à ce moment particulier. Les causes de ces conflits internes peuvent mener à des humeurs fluctuantes dont on peut sans difficulté trouver la trace.
Certains sont déçus par leur propre expérience chrétienne. Leur vie chrétienne idéale n’est jamais devenue réalité. La conquête de leurs instincts les plus bas et de leurs désirs mauvais n’a pas été aussi complète qu’ils l’auraient souhaité. Beaucoup ont même abandonné l’idée d’une vie remplie de l’Esprit, choisissant au lieu de cela de dire : « C’est peut-être pour certaines personnes, mais ce n’est pas pour moi ». Un triste élément d’incrédulité subsiste pour dire qu’il y a des géants et des villes fortifiées dans leur personnalité qui ne peuvent pas être vaincus. Par conséquent ils marchent derrière la lumière et en-dessous des privilèges de l’Évangile et ils ne connaissent rien du restant fidèle du peuple de Dieu.
La même incrédulité qui limite leur conquête brise également leur service, les amenant à éviter leurs responsabilités qu’ils auraient pu être disposés à assumer. La justification la plus courante de cette conduite est de dire : « Je ne professe pas la vie plus profonde de l’Esprit ». Pour trop de gens, c’est une excuse plausible donnée pour justifier l’infidélité et le manque de considération. Dans un tel état de conflit intérieur, il est facile, naturel même, de critiquer plus fréquemment autrui. Relever les fautes des gens n’est pas une conduite acceptable, c’est plutôt une maladie qui met à mort la vie chrétienne à moins que sa cause ne soit identifiée et traitée comme il se doit. Notre capacité à juger est un élément bien ancré de notre personnalité, et être une personne aux opinions très marquées pourrait bien être impossible à éviter. Mais notre manière d’exercer cette capacité, que ce soit dans l’inimitié ou dans l’amour, affecte inévitablement notre relation envers Dieu, de manière positive ou négative.
Certains sont découragés concernant l’Église elle-même. Il n’est pas nécessaire de répéter les reproches les plus fréquents à son encontre. Inamicale, ingrate, obstinée, indifférente, libérale, conservatrice, légaliste, dépassée, moderniste, formelle, morte ne sont que quelques-uns des adjectifs utilisés pour exprimer l’impatience face au statu quo. Dans cette perspective, l’Église est vue comme nécessaire mais aussi comme une source d’irritation dans la vie. La monotonie et les obligations remplacent le service engagé et joyeux. Il devient plus facile de laisser quelqu’un d’autre faire le travail que de porter notre part de la charge.
La vérité, c’est que les causes que nous avons mentionnées ne sont que les symptômes du vrai problème qui se trouve à la racine. La difficulté essentielle est que le cœur est divisé, et Jésus a dit : « Une maison divisée contre elle-même ne peut subsister ». Il a aussi déclaré : « Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres » (Matthieu 6.22-23). Jacques nous rappelle qu’« un homme irrésolu [est] inconstant dans toutes ses voies ». Saint Paul décrit un tel cœur divisé lorsqu’il écrit : « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas… Quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi… Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Romains 7.19-24). Nous voyons clairement dans son témoignage par la suite que par le Christ, il trouva la réponse à ce dilemme et dit : « je fais une chose… je cours vers le but ». En réalité, comme l’a dit un théologien moderne : « La pureté de cœur, c’est vouloir une seule chose. » Le psalmiste priait peut-être au-delà de sa propre conscience lorsqu’il s’écria : « Dispose mon cœur à la crainte de ton nom. » N’est-ce pas là le privilège acquis par le sang du Christ de tous ceux qui recherchent ardemment l’œuvre de purification intérieure du Saint-Esprit béni ?
Assurément, les conflits non résolus du dernier projet de rénovation des bâtiments seront toujours là. Les conflits entre personnalités seront toujours présents dans les relations humaines. Des différences d’opinions qui engendrent différentes manières de réaliser l’œuvre du Seigneur existeront toujours. Dans nos échanges les uns avec les autres, nous serons parfois blessés, peut-être encore davantage du fait de nos profondes aspirations. Les déceptions viendront. Notre foi sera mise à l’épreuve et notre endurance testée. Mais « heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! » Au-dessus des tempêtes, des épreuves et des tribulations, nous voyons Jésus « qui suscite la foi et la mène à la perfection ». Ainsi, déterminés à atteindre notre but et avec une loyauté indivisible, nous pouvons lui donner le meilleur de nous-mêmes. « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens 15.57)
Robert L. Smith est pasteur de l’Église du Nazaréen d’Ossian dans l’Indiana aux États-Unis d’Amérique.